Une conférence de presse à l’Assemblée nationale a eu lieu le 21 janvier dernier.

Le sujet : les fongicides SDHI, cette forme de pesticides répandus massivement depuis 2013 sur les cultures françaises. Parmi les personnes présentes, nous pouvons citer :

  • Pierre Rustin – directeur de recherche INSERM et membre du comité médico-scientifique d’Ouvrir Les Yeux
  • François Lafforgue – avocat spécialiste des questions d’amiante et de pesticides
  • Fabrice Nicolino – Président de l’association « Nous voulons des coquelicots »
  • François Veillerette – Directeur de l’association « Générations Futures »

Qu’est ce que les SDHI

Pour rappel, les SDHI sont des fongicides (pesticides) utilisés dans le monde agricole pour lutter contre les champignons et les moisissures en s’attaquant à la chaîne respiratoire de leurs cellules. Jusque-là tout va bien. Mais le Professeur Pierre Rustin et son équipe s’inquiètent : les SDHI peuvent également agir sur la plupart des êtres vivants, par exemple sur les vers de terre, les abeilles, ou encore sur l’homme.

« Une terre que l’on va traiter avec des SDHI, c’est une terre morte en quelques années… »

Pierre Rustin

A l’aube d’une catastrophe sanitaire ?

Ces chercheurs renommés décident alors d’alerter en fin 2017 l’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur le risque sanitaire énorme que provoque l’utilisation de ces fongicides, et ils demandent donc le retrait des SDHI par principe de précaution.

En 2018, l’alerte est rendue publique dans le journal « Libération ».

Le 7 novembre 2019, l’INSERM publie une étude menée par l’équipe du Professeur Rustin. Il s’avère que 8 des 11 SDHI autorisées en France sont toxiques, en particulier pour les cellules humaines. Plus de doute, il y a danger !

Un recours en justice

Devant le silence assourdissant des organismes chargés de la sécurité sanitaire de notre société, il est donc demandé à la justice administrative française, par ce communiqué de presse, d’interdire l’utilisation de plusieurs des pesticides SDHI.

Ouvrir Les Yeux soutient complètement les démarches de Pierre Rustin et de son équipe, d’autant plus que les personnes atteintes d’une Neuropathie Optique Héréditaire que notre association représente sont plus sensibles à ces SDHI. Monsieur Rustin nous explique pourquoi dans le communiqué ci-dessous.

SDHI et Neuropathies Optiques

La neuropathie optique désigne un dysfonctionnement du nerf optique souvent provoqué par des mutations sur l’ADN mitochondrial (ADNmt) et se transmet selon un mode non mendélien ou maternel. Cependant, les formes sporadiques et les cas isolés sont nombreux. A ce jour il n’existe pas de thérapie efficace. Le seul médicament disponible, l’idebénone, combat le stress oxydatif dans les cellules. Pour un temps et une partie des malades, l’idebenone ralenti l’évolution de la maladie. A ce jour en dehors de ce stress oxydatif, les facteurs intervenant dans l’évolution de la maladie restent largement ignorés. Dans ce contexte les récents résultats rapportés par une équipe de recherche française montrant l’hypersensibilité de cellules de patients atteints d’Af aux SDHI sont particulièrement inquiétants. Les SDHI vendus comme fongicides sont destinés à bloquer la respiration des cellules des champignons sur les cultures et les produits dérivés. Comme leur nom l’indique les SDHI inhibent l’activité d’une enzyme des mitochondries la succinate déshydrogénase, SDH.

Les derniers travaux scientifiques établissent désormais que les SDHI ne présentent aucune spécificité et inhibent l’enzyme de toutes les espèces d’où elle est extraite, depuis le champignon, leur cible, jusqu’à l’homme, en passant par l’abeille ou le vers de terre. Outre ces données biochimiques in vitro, les travaux montrent in situ que des cellules humaines intactes mises au contact de SDHI à très faibles doses meurent en quelques jours du fait d’un stress oxydatif. En effet les SDHI bloquent la respiration des cellules, provoquant un stress oxydatif, entraînant la mort des cellules. Au cas où les cellules proviennent de malades dont les mitochondries fonctionnent mal, la mort des cellules survient beaucoup plus rapidement.

In vivo, en plus de ces données, les SDHI sont connus pour tuer et /ou causer des anomalies du développement et du comportement chez les poissons, les batraciens, les vers de terre, et les abeilles. Etablissant leur persistance dans le corps des mammifères les SDHI sont présents dans les cheveux humains et entraînent l’apparition de tumeurs chez les rongeurs.

A ce jour, nous savons aussi que de faibles doses des SDHI présents dans l’environnement nous imprègnent tous à des degrés divers. Compte tenu du mécanisme d’action des SDHI s’accompagnant de l’induction d’un stress oxydatif, les personnes atteintes de neuropathie optique connues pour être particulièrement sensibles à ce type de stress apparaissent constituer une population particulièrement à risque.

Ces données scientifiques nous conduisent à demander en application du principe de précaution inscrit dans la constitution de surseoir à l’usage des SDHI tout en réunissant les conditions matérielles d’un passage des agriculteurs vers d’autres pratiques agricoles.

Liens vers nos articles précédents :

Pour tout savoir sur les SDHI, rendez-vous sur le site www.endsdhi.com

L’appel de 450 scientifiques

Des chercheurs, et médecins appellent, dans une tribune du journal « Le Monde » publiée le 21 janvier, à l’arrêt de l’utilisation en milieu ouvert de ces fongicides qui bloquent la respiration cellulaire dans l’ensemble du vivant et déplorent un déni des données scientifiques. Ouvrir Les Yeux et d’autres associations font également partie des signataires. Lien vers l’appel.